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Le chaperon noir (conte), 1ère partie.

Le chaperon noir (conte), 1ère partie. dans Lusina cheval12

 La Demoiselle regardait le Chevalier, son futur époux, qui venait d’entrer dans la grande salle du château de son père.

- Où allez-vous ainsi, paré de votre plus belle armure, gentil Chevalier ?

- Je vais, Ma Dame, combattre le Dragon aux Cents Visages dans la forêt enchantée, comme il est de mon devoir de le faire.

Mais, Gentil Chevalier, ne serait-il pas plus agréable de nous marier sans tarder, et de goûter ensemble de doux moments ? Après tout, ce Dragon terrible, tant qu’il reste au cœur de la forêt enchantée, n’est pas une menace pour les gens du château ! Je n’ai jamais entendu dire qu’il eût dévoré qui que ce soit !

- Certes, mais le devoir d’un chevalier est d’aller tuer le Dragon, pour prouver à sa Dame qu’il est Digne de son Amour.

- Mais, gentil Chevalier, si la Dame elle-même vous demande de ne pas le faire, parce qu’elle n’a nul besoin que vous lui prouviez votre bravoure, si la Dame, elle, a envie de vous avoir à ses côtés, tous les jours que Dieu fait, pour vous prodiguer son Amour, si elle vous admire déjà comme vous lui apparaissez aujourd’hui, l’armure en moins, bien entendu ?

- Non, Ma Dame, cela ne se peut pas. Laissez-moi, je vous prie, aller prouver que je mérite mon titre de Chevalier, pour l’Amour de vous.

La Demoiselle, baissant le nez sur son ouvrage de tapisserie au petit point, se résolut à ne pas insister davantage. Que faire ? Se lever, prendre dans ses bras ce tas de ferraille ? Il n’y fallait point songer.

Alors, elle s’avança vers lui et dit en le regardant droit dans les yeux – car, heureusement, il n’avait pas encore baissé la visière de son heaume :

- Soit, beau Chevalier, allez vaquer à vos occupations et me revenez vite. De grâce, soyez prudent dans vos entreprises, et protégez-vous des sortilèges de la forêt. Je prierai Dieu en vous attendant, afin qu’il vous assiste dans les moments périlleux.

Le Chevalier, s’élançant vers elle dans un cliquetis d’acier (car son père était alchimiste), lui prit la main et s’agenouilla.

 - Je fais le serment, Ma Dame, de vous revenir couvert de gloire, ma fidèle épée que voici couverte du sang du Dragon.

La demoiselle, avec un battement de cœur, le regarda -ou plutôt l’écouta- se relever et se diriger vers la grande porte.

Lorsque les battants s’ouvrirent, laissant entrer à flots le soleil matinal, il se détourna un dernière fois pour la regarder, leva sa main gantée de fer en signe d’adieu, et, en descendant les marches du grand escalier de pierre, baissa la visière de son heaume empanaché. En bas l’attendait son destrier ; il l’enfourcha, avec l’aide de son écuyer.

La Demoiselle, debout sur le perron, regarda disparaître à l’horizon la bannière qui flottait dans la brise de ce jour de printemps.

(à suivre…)

Le chaperon noir (suite)

Le chaperon noir (suite) dans Lusina dame_t10

 

Des printemps passèrent.

Dans les premiers temps, la Demoiselle, quittant ses prières et ses tapisseries, courait souvent à la fenêtre guetter le retour tant attendu.

Puis, peu à peu, ses épaules se voûtèrent, son pas se fit plus lent, la fougue de sa jeunesse laissa la place à la résignation. Le Dragon terrible avait dû avoir raison de son beau Chevalier. Sans doute, aucun messager ne pourrait lui apporter des nouvelles, car rares étaient ceux qui ressortaient de la forêt dans laquelle ils s’étaient aventurés.

Il fallait donc, seule, attendre la mort dans ce château trop grand, dans cette salle si grande, si froide ! Les serviteurs avaient beau alimenter sans cesse le feu qui brûlait dans l’énorme cheminée, la Demoiselle se recroquevillait, ses os paraissaient se souder ; son visage ressemblait de plus en plus à une vielle pomme oubliée dans un coin à la fin de l’hiver. Ses doigts, déformés par les nombreux ouvrages qu’une fois achevés, elle jetait derrière sa haute chaise, faisaient songer aux serres crochues de quelque oiseau mort de froid. Elle avait pris l’habitude de se vêtir de noir, reléguant au fond de ses armoires ses atours de velours rouge brodés d’or. Ses cheveux étaient recouverts d’un fichu qui lui mangeait la moitié du visage, et ne laissait voir que des yeux fixes et sans joie qui n’exprimaient plus rien.

(à suivre…)

Le chaperon noir (fin)

Le chaperon noir (fin) dans Lusina vieill10

Il arriva qu’un jour, au bout de longues années, elle eut envie de revoir la lumière du soleil, de sentir sur ses pauvres joues ravagées par les rides l’haleine du vent tiède de cette fin d’été. Elle se fit apporter un  panier, pour se donner une contenance, et annonça de sa faible voix qu’elle allait chercher des fraises des bois. Elle était, depuis la mort de son père, la maîtresse du château, et personne ne pipa mot, bien que l’étonnement fût grand pour tous ses gens.

Elle descendit, courbée, le grand escalier moussu, et prit le chemin de la forêt, enveloppée dans sa grande cape noire ; le panier à son bras formait une excroissance bizarre à son côté droit.

De son pas glissant de vieille, elle fit la demi-lieue qui la séparait de l’orée du bois. Comme elle marchait les yeux au sol, elle ne fut pas longue à découvrir ce qu’elle était venue chercher : un tapis de fruits rouges, en effet, couvrait le sol dans le sous-bois.

S’enfonçant, sans s’en apercevoir, de plus en plus profondément dans la forêt, elle cueillait, à petits mouvements saccadés, et le panier s’emplissait.

Tout à coup, un grand cliquetis se fit entendre à travers les broussailles. Surprise, elle se releva et tourna la tête, ses yeux de chouette écarquillés par la frayeur.

Devant elle se tenait une épave de chevalier, à pied. Des morceaux de son armure pendaient ; de sous son heaume à la visière baissée sortait une longue barbe gris sale qui dépassait sur sa poitrine.

Il resta quelques secondes immobile, puis il souleva, à grand-peine, sa visière, qui s’ouvrit avec un sinistre grincement.

- Ah, murmura-t-il. Tu croyais m’échapper, Dragon de malheur ! mais je sais maintenant toutes tes ruses. Tiens, prends, sorcière !

Et il lui passa son épée au travers du corps.

Puis, tenant à bout de bras l’épée sanglante aussi haut que le lui permettaient ses faibles forces, il reprit, heureux, le chemin du château où l’attendait sa Bien-Aimée.

epee10 dans Lusina

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